Abonné : 18 € / Réduit et CE : 20 € / Prévente : 22 € / Sur place : 25 €
Réservez votre billet RETOUR à la programmationMADEMOISELLE K nous avait manqué. Cinq ans se sont écoulés depuis son dernier album, Sous les brûlures l’incandescence intacte, l’un des meilleurs qu’ait porté la chanson française. Dans un rock français qui a toujours eu quelques difficultés à se conjuguer au féminin, l’exigeante Katerine Gierak s’est très vite imposée. Les productions qu’elle nous a offertes jusque-là ont souvent dépassé les standards du genre. Ambitieux, créatifs, co-produits par les Nantais Simon Quenea et Pierre Cheguillaume, ces nouveaux titres n’échappent pas à la règle. Certes Mademoiselle K se présente comme un groupe, son fidèle Peter Combard n’est jamais bien loin, mais c’est bien elle seule qui est aux commandes de chacun de ses projets. C’est elle qui décide. Comme lorsqu’après trois albums signés en maison de disque, elle fait le choix de reprendre son indépendance pour éviter la compromission. Ainsi naît en 2013 son propre label Kravache avec un K, et avec lui deux albums dont le roboratif Hungry Dirty Baby écrit dans la langue de Shakespeare. Il contient plusieurs pépites dont R U Swimming ? choisi par Antony Cordier pour illustrer son film Gaspard va au mariage. Savoir trancher n’interdit pas de se questionner. Le doute est même une seconde nature chez Katerine Gierak. Peu importe les centaines de milliers de disques vendus, Mademoiselle K s’interroge. Une nomination aux Victoires de la musique, des duos avec Zazie et Jacques Higelin n’y changent rien. Alors quand la quarantaine frappe à la porte, elle se demande si le temps n’est pas venu de passer à autre chose. C’est vrai, après tout, avec les années, les chanteuses deviennent une espèce en voie de disparition pourquoi y échapperait-elle ? « Est-ce que c’est la fin ? Est-ce que je suis finie ? » entonne-t-elle sur Chloroforme en ouverture de son nouvel opus. Les fulgurances de ce nouveau disque apportent très vite la réponse : non. L’adage veut que l’on se découvre quand on se mesure à l’obstacle, Mademoiselle K ne fait pas exception. Faut-il la crainte de perdre l’usage d’un doigt, la peur de ne plus jamais pouvoir jouer de son instrument, pour que jaillisse des retrouvailles entre la chanteuse et ses musiciens le puissant Nos intensités ? Faut-il l’isolement du Covid, pour nous rappeler notre besoin de faire société. Non sans humour, l’artiste prend sa part et nous offre un Gratin de Tendresse. Une légèreté qui lui a parfois fait défaut, mais qui lui va bien et nous fait du bien. Le nouveau Mademoiselle K est un grand cru empreint de sensualité (Vercors Hardcore, Les Trains, Gâché, Sous mon pull, Ta Sueur…). Comme à son habitude, Katerine ne s’embarrasse pas de poncifs : « J’ai les bras en érections, tu me fais l’effet wagon » avoue-t-elle dans Les Trains. En quelques mots, elle délivre une poésie brute et précise. Sur ce nouvel opus, la voix de Mademoiselle K se déploie avec une justesse et une maîtrise impressionnante, tour à tour, sarcastique, énergique, lumineuse et tendre (Garçon Bleu). Si dix années de conservatoire ont fait d’elle une virtuose de la guitare, elle rappelle sur ce disque qu’elle est aussi une grande chanteuse. Elle a une responsabilité. Elle se sait attendue. Ils ont été plus de 2000 à la soutenir sur Ulule. Lors de cette nouvelle tournée qui s’annonce, Mademoiselle K voudra les remercier. On les imagine déjà faire corps et sautiller sur le tubesque J’rêve d’un CRS… Le rock peut agir comme un baume, peut nous réveiller, nous extasier. C’est ce que l’on ressent en parcourant cette nouvelle œuvre. Mademoiselle K est une très grande artiste. Les Écossais ont Sharleen Spiteri, les Anglais PJ Harvey, les Américains, Chrissie Hynde, réjouissons-nous de compter avec elle.
Thomas Pawlowski
Abonné.es BBC, Cargö, Normandy, Luciole : 1 place achetée = 1 place offerte. Pour réserver votre invitation 02 31 47 96 13.
MADAM : « On aime le fait que les gens viennent voir un groupe dont ils n’ont jamais entendu parler, et repartent en nous disant qu’ils ne s’attendaient pas à se prendre autant d’énergie dans la gueule. On a pas la prétention d’inventer quelque chose de nouveau, on aime juste ce qu’on fait, et on le fait avec nos putains de tripes. Ce qu’on veut, c’est que les gens sentent ça, et qu’ils partagent le plaisir qu’on a à monter sur scène, à ressortir moites de sueur, la bouche pâteuse et l’envie de recommencer encore et encore. »
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