Concrete Knives – Our Hearts – (Vietnam – Because Music)
Grandir n’est jamais facile. Surtout quand on vit un succès qui nous dépasse. Prenez les Concrete Knives, et vous comprendrez pourquoi : tout dans l’histoire de cette bande de potes normands propulsés dans tous les festivals d’Europe à la sortie de la fac raconte ce paradoxe. Avec sa pop indie, joyeuse et barrée, Concrete Knives est la sensation de la presse musicale française en 2011. Le groupe signe même sur le mythique label anglais Bella Union (Beach House, Fleet Foxes). Ce premier album, Be Your Own King (2012), va leur permettre de réaliser 150 dates à travers l’Europe (Angleterre, Pays Bas, Belgique, Italie, Allemagne) et de s’offrir le Trianon de Paris en point d’orgue d’une folle aventure entre amis. Vu comme ça, on aurait pu se dire que la vie était belle pour les Concrete Knives. Pourtant une autre réalité existe : celle des longues heures en van, de l’éloignement de chez soi, et surtout, d’une vie dont le rythme en décalage total avec le reste du monde laisse parfois des traces.
Voilà sans doute pourquoi Our Hearts (Vietnam/Because), second disque du groupe, ne sort que cinq années après son prédécesseur. Il fallait prendre du recul, analyser, grandir, se faire les dents sur des projets solo (Samba de la Muerte, FAROE, ELECAMPANE etc.) pour mieux se retrouver, ensuite. Cela se passera en 2016, à Carpentras, en compagnie du Danois Andreas Pallisgaard.
Il en ressortira Our Hearts, un album puissant, aux structures soignées et maîtrisées, à l’énergie punk, quelque part entre les Pixies (Tightrope), les Yeah Yeah Yeahs ou les Talking Heads, une référence évidente, dont on retrouve les influences world (asiatiques et africaines sur The Lights, Gone, Sometimes, les percussions de Gold Digger ou le morceau de bravoure Pavement)… Et que l’on se rassure, les Concrete Knives n’ont rien perdu de leur sens inné des riffs accrocheurs et des refrains qui butent (Bring the Fire, The Quiet Ones, The Lights, Our Hearts…). Ils l’ont juste mis au service d’un œuvre plus adulte et ambitieuse. Parce qu’il est un âge où l’on bâtit pour durer. Our Hearts fait partie de ses grands disques qui se bonifient avec les écoutes. Un disque plus introspectif où il est question de perte de soi, d’incompréhensions, de désillusions. Un cœur cabossé pulsant à 10 000 à l’heure, fou amoureux de musique(s) et savant. Un disque dont les singles ne finiront peut-être pas tous sous des publicités pour des voitures, mais qui s’en plaindrait ?
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